Palmarès du prix des thèses des FPD2025 :

Session 1 : Semi-conducteur pour la photonique intégrée
Sara Bassil
FEMTO-ST, III-V Lab
Intégration de TFLN, SiN et InP dans des circuits de photoniques intégrés pour concevoir des lasers rapidement accordables à 1550nm.
Session 2 : Nouvelles microscopies pour le biomédical
Alice Guillaume-Manca
Laboratoire de physique et d’étude des matériaux, ESPCI, Sorbonne Université, Institut de biologie de l’École normale Supérieure.
Optique adaptative en microscopie de fluorescence à deux photons pour l’imagerie fonctionnelle en neurosciences chez la souris.


Session 3 : Grands Lasers
Pierre Lebegue
Laboratoire Charles Fabry (LCF), Université de Paris Saclay, Institut d’Optique Graduate School, CNRS, Palaiseau
La combinaison cohérente au service des lasers de hautes énergies.
Les thèses sont en lien avec la thématique de l’évènement et représentatives des recherches de la région. Elles seront exposées sous forme de poster dans les espaces de networking durant la totalité de l’évènement.
Les thésards sélectionnés font un pitch de 3 minutes à la fin des sessions et l’assistance choisit le meilleur par vote.
Les prix sont soutenus par OPTICA et seront remis à la fin du congrès par Yann Amouroux et Jean-Claude Fontanella.
Liste des thèses présentées
Trois thèses par session
Session 1 : Semi-conducteurs pour la photonique intégrée
Dispositifs photoniques hybrides III-V / Silicium intégrant la génération et la manipulation de photons intriqués
Lorenzo Lazzari – STMicroelectronics, Laboratoire Materiaux et Phénomènes Quantiques (MPQ) Université Paris Cité, C2N

Les applications du calcul quantique en photonique requièrent la génération de photons uniques avec un contrôle précis, afin de permettre soit le chiffrement quantique sécurisé (par exemple, la distribution quantique de clés), soit la réalisation d’opérations d’intrication quantique pour le calcul quantique. Plusieurs approches d’intégration de sources de photons uniques sont envisageables, notamment l’utilisation de microcavités résonantes ou l’exploitation d’effets non linéaires dans des structures en anneaux de silicium.
Dans cette étude, nous exploitons les phénomènes non linéaires de type paramétrique dans des semi-conducteurs III-V à base d’AlGaAs pour générer des paires de photons intriqués via un processus de génération de paires par conversion paramétrique spontanée (SPDC). Nous démontrons les éléments fondamentaux permettant l’intégration d’une source de paires de photons électriquement pompée sur une plateforme photonique hybride III-V sur silicium (SOI), en mettant en évidence les particularités de l’intrication quantique induites par la topologie spécifique de cette plateforme hétérogène.
Illustration du dispositif montrant la génération de paires de photons intriqués par pompage électrique.
Intégration de TFLN, SiN et InP dans des circuits de photoniques intégrés pour concevoir des lasers rapidement accordables à 1550nm.
Sara Bassil – Femto-ST, III-V Lab
Des communications optiques ultra-rapides aux technologies quantiques avancées, en passant par la détection de haute précision, la photonique intégrée est au cœur des applications les plus avant-gardistes. Ces systèmes reposent sur des circuits de photoniques intégrés (PIC) compacts et économes en énergie, chacun conçu pour remplir des fonctions optiques spécifiques telles que la génération, la modulation, l’amplification ou la détection de la lumière, selon l’application. Leur développement est essentiel non seulement pour l’innovation technologique, mais aussi pour garantir une autonomie stratégique dans des secteurs critiques comme la cryptographie, les centres de données ou la distribution de clés quantique sécurisée, par exemple. Disposer d’une plateforme unifiant les fonctionnalités des circuits photoniques intégrés matures représente l’un des grands défis technologiques de notre époque.
Mes recherches contribuent à cette ambition en explorant l’intégration de dispositifs en phosphure d’indium (InP) avec des couches minces de niobate de lithium (TFLN) sur des puces en nitrure de silicium (SiN), dans le but de créer un laser rapide et accordable fonctionnant à 1550 nm. Cette approche hybride (Figure 1) combine la génération de lumière efficace de l’InP, la modulation électro-optique forte du LN, et le guidage de lumière ultra-faible perte du SiN, ouvrant ainsi la voie à des systèmes photoniques puissants et polyvalents. Pour réaliser cette intégration, je bénéficie de la puce InP fabriquée au III-V Lab, de l’expertise de Femto-ST sur le TFLN, ainsi que de la capacité du CEA-Leti à fabriquer des guides d’ondes en SiN à très faibles pertes.
Au-delà de sa pertinence technologique, ce travail s’inscrit dans un effort plus large visant à renforcer la souveraineté européenne et nationale dans le domaine de la photonique. Il contribue directement au développement de la plateforme stratégique TFLN, en cohérence avec le projet européen ELENA et le programme français PEPR NANOFILN, tous deux dédiés à la construction de l’avenir de la photonique intégrée sur le sol européen.
Dans ce contexte, la maîtrise de l’intégration de ces matériaux ne constitue pas seulement un défi scientifique pour ma thèse, mais représente également une étape clé pour assurer à l’Europe une position de leader dans les technologies photoniques critiques.

Figure 1 : Schematic of a InP/TFNL/SiN hybrid laser
Développement d’un laser à verrouillage de modes compact et flexible sur la plateforme hybride III-V sur Silicium
Emmanuel Bourgon – Institut polytechnique de Paris – Laboratoire Traitement et communication de l’information / III-V Lab
Co-auteur : Alexandre Shen (III-V Lab), Alfredo de Rossi (TRT*), Sylvain Combrié (TRT)

Les lasers à verrouillage de modes intéressent de nombreux domaines où de nouvelles applications de ces sources apparaissent constamment: transmetteurs multi-longueur d’ondes efficaces pour les télécommunications, transfert de stabilité en métrologie, source de fréquence RF en photonique micro-onde, pour ne citer que quelques-unes. Si les lasers à verrouillage de modes sont depuis longtemps intégrés sur la plateforme InP monolithique, leur intégration sur la plateforme III-V sur Silicium est plus récente et moins maîtrisée. Les lasers à verrouillage de modes actuels présentent plusieurs défauts. D’une part, la réalisation d’intervalles spectral libres (ISL) relativement faibles (<20 GHz) est difficile, car elle nécessite de longues cavités optiques qui compromettent la compacité du composant. D’autre part, le contrôle précis (< 1 GHz) de l’ISL est un problème avéré de la plateforme InP monolithique où la longueur de la cavité est définie par le clivage de la puce. Enfin, l’ISL ne peut pas être modifié une fois que la cavité est définie. Cette thèse propose des solutions à ces problèmes, en s’appuyant sur un nouveau design de cavité. Nous proposons une cavité optique à bandgap photonique qui implémente un potentiel photonique effectif harmonique. Ce potentiel entraine l’existence d’un nombre limité de modes équi-espacés en fréquence. L’ISL d’une cavité à bandgap photonique harmonique est découplé de la taille de la cavité, permettant d’atteindre des ISL plus petits pour une même longueur de laser. De plus, nos résultats montrent que l’ISL est largement accordable (sur ~1 GHz), ce qui résout les problèmes de définition et de fixité de l’ISL. Toutefois, les réalisations expérimentales actuelles de ces lasers comportent un faible nombre de modes (~3 à 4), dont nous avons démontré le verrouillage. Les futures cavités à bandgap photonique harmonique auront une capacité d’une dizaine de modes avec lesquelles seront démontrés des transmetteurs multi-longueur d’ondes efficaces et des sources RF agiles.
*: Thales Reasearch and Technology
Illustration d’un laser à verrouillage de modes hybride III-V sur Si basé sur une cavité à bandgap photonique et de ses différents modes longitudinaux.
Session 2 : Nouvelles microscopies pour le biomédical
De la Microscopie à la nanoscopie de fluorescence résolue en temps
Léa Brito – Institut des Sciences Moléculaires d’Orsay (ISMO)
Encadré par : Laurent Le, Lancelot Pincet et Sandrine Lévêque-Fort
La microscopie de fluorescence constitue un outil incontournable pour l’étude des processus cellulaires. Elle repose sur l’utilisation de fluorophores, des molécules dont les propriétés d’émission permettent d’identifier de façon spécifique la protéine à laquelle elles sont associées, mais également pour certaines d’entre elles de pouvoir révéler leur environnement local. Parmi les approches associées, la microscopie de durée de vie de fluorescence (FLIM, Fluorescence Lifetime Imaging Microscopy) permet de mesurer le temps de vie des fluorophores, apportant ainsi des informations précises sur les interactions moléculaires et l’état physico-chimique du milieu cellulaire.
Cependant, comme toute technique de microscopie optique conventionnelle, la microscopie FLIM reste limitée par la diffraction, ce qui restreint la résolution spatiale. Les récents développements en microscopie de super-résolution, notamment les approches de super-localisation telles que dSTORM et PALM, permettent de dépasser cette limite en contrôlant l’émission des fluorophores individuels afin de pouvoir les localiser avec une précision de localisation de l’ordre de dix nanomètres.
L’objectif de cette thèse est de coupler la microscopie FLIM et la super-localisation afin d’obtenir simultanément des informations spatiales et temporelles à haute résolution, et de pouvoir à terme réaliser ces observations en cellules vivantes.

Imagerie de phase quantitative avec un diffuseur mince : développements et applications en biologie cellulaire
Anis Aggoun – Institut de la Vision – Sorbonne Université
Directeur de thèse : Gilles Tessier et Pascal Berto

L’imagerie quantitative de phase (QPI) exploite l’intensité et, surtout, la phase de la lumière pour révéler avec précision les propriétés biophysique des cellules et tissus. Dans ce contexte, DiPSI (pour Diffuser Phase Sensing and Imaging) est une méthode d’imagerie de front d’onde reposant sur l’insertion d’un diffuseur mince en amont d’une caméra standard. La figure de speckle ainsi générée, associée à l’effet mémoire du diffuseur, permet d’encoder les distorsions du front d’onde avec une sensibilité élevée (<λ/500), tout en s’affranchissant de la complexité et des artefacts de cohérence inhérents aux montages interférométriques. La vitesse de reconstruction, la résolution, et le caractère quantitatif de la méthode ont été optimisés via des simulations et caractérisés expérimentalement. En associant DiPSI à des méthodes d’apprentissage profond, il a été possible d’identifier sans marquage des populations de cellules rétiniennes dérivées de cellules souche pluripotentes induites humaines (hiPSCs), et ce afin de répondre à un besoin urgent en thérapie cellulaire. Dans un contexte biophysique, la méthode a également été appliquée à la quantification du volume de gaz produit par des bactéries Escherichia coli génétiquement modifiées. Ceci a permis de mettre en évidence un lien étroit entre l’encombrement macromoléculaire et la résistance aux antibiotiques. Enfin, une librairie d’outils numériques a été développée pour favoriser l’adoption et la diffusion de la technique.
Optique adaptative en microscopie de fluorescence à deux photons pour l’imagerie fonctionnelle en neurosciences chez la souris
Alice Guillaume-Manca – Laboratoire de physique et d’étude des matériaux, ESPCI,
Sorbonne Université, Institut de biologie de l’École normale Supérieure.
Directeurs de thèse : Ricardo Lobo, Laurent Bourdieu
L’imagerie optique en profondeur dans les tissus biologiques est devenue essentielle pour comprendre les processus neurophysiologiques complexes à l’œuvre dans notre cerveau. La microscopie de fluorescence à 2 photons constitue aujourd’hui une référence pour enregistrer l’activité de neurones individuels avec une bonne résolution spatiale et temporelle. Cependant, l’hétérogénéité structurelle du cerveau engendre des aberrations optiques qui dégradent la qualité des images et limitent la profondeur d’imagerie à quelques centaines de micromètres.
Pour pallier ces effets, nous développons une approche innovanted’optique adaptative (OA) intégrée à un microscope à 2 photons, permettant de corriger les aberrations en temps réel et d’améliorer la résolution et l’intensité des images in vivo dans le cerveau de souris.
La mesure du front d’onde en profondeur reste toutefois un défi, en raison des propriétés diffusantes du cerveau. Afin de surmonter cette contrainte, nous utilisons comme source fluorescente pour la mesure de front d’onde des nanocristaux de semiconducteurs fluorescents (quantum dots en anglais), émettant dans le proche infrarouge. Ces nanoparticules présentent des caractéristiques particulièrement adaptées à l’OA in vivo: elles sont très brillantes, photostables, biocompatibles, et peuvent ainsi être injectées dans le système sanguin où elles restent présentes pendant plusieurs heures. De plus, leur émission dans le proche infrarouge augmente la longueur de diffusion, permettant une mesure et une correction fiable du front d’onde à plus grande profondeur.
Au cours de ma thèse, j’ai développé un microscope de fluorescence à 2 photons couplé à une boucle d’optique adaptative rapide et à l’utilisation de quantum dots infrarouges pour augmenter la sensibilité et la résolution en neuroimagerie in vivo chez la souris, et ainsi permettre d’observer l’activité cérébrale en profondeur.

Session 3 : Grands Lasers
Mesure et amélioration du contraste temporel dans les chaines lasers PW
Alyona Dotsenko – Amplitude Laser Group – Laboratoire Charles Fabry (LCF) – En collaboration avec le Helmholtz Zentrum Dresden Rossendorf (HZDR)
Encadré par : Frédéric Druon et Franck Falcoz

Les lasers à impulsions ultrabrèves et aux intensités extrêmes sont des instruments polyvalents utilisés dans divers domaines tels que la physique des plasmas, la génération de sources secondaires de rayonnement et de particules ou encore l’accélération de particules. Les nouveaux lasers développés ont des impulsions de plus en plus courtes et de plus en plus énergétiques, si bien qu’on atteint des puissances de l’ordre du PW et des intensités sur cible de plus en plus importantes. Ces intensités laser grandissantes nécessitent alors une amélioration constante du contraste du laser. Cette amélioration consiste à mieux comprendre et toujours réduire le niveau du bruit optique environnant l’impulsion laser (principalement en amont), qui peut induire des effets délétères sur l’expérience car ce piédestal de bruit peut créer un pré-plasma au niveau de la cible solide.
Cette mesure cruciale du contraste n’est cependant pas triviale car on parle de dynamiques de plus d’une dizaine d’ordres de grandeur. Ces niveaux de dynamique de mesure nécessaires associés aux très courtes durées des impulsions rendent impossible toutes mesures électroniques simples du contraste. Il y existe cependant diverses solutions pour le mesurer utilisant des effets d’optiques non-linéaire, comme les auto-corrélateurs du 3eme ordre. Nous décrirons ces techniques ainsi que quelques pistes d’amélioration du contraste.
La combinaison cohérente au service des lasers de hautes énergies
Pierre Lebegue – Laboratoire Charles Fabry (LCF) – Université Paris-Saclay – Institut d’Optique Graduate School – CNRS, Palaiseau
Co-auteur : Dimitris Papadoulos – Lully – CNRS – CEA – Sorbonne Université, Institut Polytechnique de Paris, Palaiseau, France et Frédéric Druon.
Les chaînes laser de haute énergie connaissent un regain d’intérêt ces dernières années, notamment avec l’émergence de nouvelles applications telles que la fusion par confinement inertiel ou encore leur utilisation comme source de rayonnement ou de particules. Malheureusement, pour atteindre de tels niveaux d’énergie, la solution actuelle consiste à utiliser des amplificateurs laser de plus en plus grands, dotés d’une très grande inertie, ce qui ne permet que quelques tirs par jour et compromet ainsi la rentabilité de telles installations.
Nous proposons d’utiliser le principe de combinaison cohérente, en partant de nombreux « petits lasers » à haute cadence, que l’on peut mettre en phase et superposer pour obtenir l’énergie souhaitée. Ce principe a déjà démontré son succès pour les systèmes fibrés et à faible énergie. L’objectif de cette thèse est d’analyser et de proposer des solutions pour répondre aux problématiques inédites des lasers à haute énergie, telles que les distorsions de front d’onde et la faible cadence, rendant impossible une correction active tir à tir.

Développement de sources lasers fibrées à large bande spectrale et à faible cohérence temporelle pour les futures chaînes de fusion inertielle
Titouan Degrandcourt – Laboratoire pour l’Utilisation des Lasers Intenses (LULI) – CNRS
Encadrants : Loïc Meignein, Patrick Audebert, Jean-Christophe Delagnes

Cette thèse, menée au Laboratoire pour l’Utilisation des Lasers Intenses (LULI), s’inscrit dans le cadre du projet Taranis, lancé en 2024 dans le plan France 2030 et réunissant Thales, le CEA, le CNRS, le LULI et le CELIA, dans la perspective de concevoir des réacteurs à fusion bas-carbone.
Contrairement aux approches traditionnelles reposant sur des lasers cohérents, la thèse explore l’utilisation de sources incohérentes modulées en amplitude par des amplificateurs optiques à semi-conducteurs (SOA). Cette voie innovante vise à améliorer le couplage laser-cible en réduisant les instabilités paramétriques (Brillouin stimulé, Raman stimulé). Le projet ambitionne la création d’une source agile à profilage arbitraire en amplitude, spectre et phase, pouvant être intégrée dans des chaînes laser existantes telles que LULI2000 ou Apollon.
Le travail comporte une composante théorique, fondée sur la modélisation d’impulsions incohérentes et leur propagation, et une composante expérimentale centrée sur la mise en œuvre d’une source laser complète avec des essais prévus sur de grandes installations lasers telles que celles mentionnées ci-contre.

Le comité organisateur s’engage à soutenir le code de conduite d’OPTICA